En novembre 2003, est sorti sur les écrans français le premier film adapté de la célèbre BD "MICHEL VAILLANT".

Comment est né ce projet?
Qui incarne nos héros de papier?
Est-ce que le film a profité à la BD?
Qu'en ont pensé les fans?
Le public a-t-il été au rendez-vous?


Toutes les réponses dans cette chronique...
 
 
 
Génèse et réalisation du film...
 
A l'origine de ce projet, on trouve Luc Besson et Pierre-Ange Le Pogam, les producteurs de TAXI, la série cinéma extrêmement populaire (Taxi 3 a dépassé les 6 millions de spectateurs!)...
 
Au départ, ils souhaitaient surtout réaliser un film sur la course automobile...
C'est à peu près à le même époque que Philippe Graton, qui commençait a être sollicité de toute part sur l'adaptation de son personnage, confie son projet à Luc Besson...
 
Quels ont été les conditions des Graton?
Très simples : respecter le logo et la psychologie des personnages de la BD (lisez notre avis pour savoir si le film est fidèle)...
 
Une fois les contrats établis, on cherche un réalisateur habitué à mettre en valeur les belles voitures: Louis-Pascal Cauvelaire, réalisateur de pubs automobiles, correspond parfaitement au profil.
 
On définit ensuite le cadre du film qui sera une histoire originale et contemporaine (Michel Vaillant a quand même traversé plusieurs décennies de sport auto mais le film doit s'adresser avant tout aux jeunes...). Louis-Pascal pense que "le scénario d'un épisode de la BD, aussi bon soit-il, aurait été trop ténu et n'aurait donné qu'une demi-heure de film".
L'histoire se situera essentiellement au Mans ("une course mythique connue dans le monde entier" pour Louis-Pascal) et s'inspirera largement du mythique "Le 13 est au départ" allant même jusqu'à reprendre la scéne d'ouverture avec le cauchemar d'Elisabeth Vaillant!
 
Ensuite, début 2002, s'engage la réalisation du film...
 
Et là, pari un peu fou des producteurs et du réalisateur mais qui fera assurément l'originalité de ce film sur la course auto: on tournera des séquences au coeur même de la véritable épreuve des 24 heures du Mans 2002!
 
L'écurie DAMS, qui ne courrait pas cette année là mais qui a une grande expérience du Mans, engage une Lola-Judd et une Panoz qui feront la course parmi les autres concurrents (La Panoz-Leader tombera en panne dans la nuit mais aura quand même assurée de belles images, alors que la Lola franchira la ligne d'arrivée, ce qui sauvera les séquences finales...)
 
 
Coup de chapeau à DAMS et aux pilotes : Les français Emmanuel Clerico et Philippe Gache au volant de la "Vaillante", le français Jérôme Policand, le belge Marc Duez et l'anglais McCarthy au volant de la "Leader"...
 
 
 
 Le Casting des héros...
 
Le profil le plus important est bien sûr celui du héros...
Pour incarner Michel Vaillant selon Le Pogam, il faut "un très bon acteur, sobre, sportif avec un regard"; si on ajoute qu'il doit bien sûr être Français et avoir entre 25 et 30 ans: la sélection se réduit à quelques individus desquels Sagamore Stévenin, qui adore la course auto (s'en s'y être jamais essayé) sort vainqueur.
 
Il faut dire qu'il incarne parfaitement notre héros de papier en ajoutant même une touche un peu mystique à son personnage : il parcourt les circuits à pied pour "sentir" la piste et il faut le tour du circuit du Mans au volant de sa Pagani Zonda les yeux fermés en se fiant uniquement à ses autres sens... (Comment ça, ça ne tient pas debout?)
 
 
Youngblood Hills (d'origine anglo-américaine) incarne parfaitement Steve Warson.
Il a surtout une "gueule" et un profil très "macho" et "dragueur" qui colle assez bien à son alter-égo de papier...
Toutefois, si la complicité entre les deux héros est bien palpable, on ne retrouve pas la gravité de Steve à certains moments de sa carrière ("La trahison de Steve Warson", "Le Retour de Steve Warson" ou "K.O. pour Steve Warson").
Par contre, clin d'oeil amusant, il aura droit à une nuit d'amour avec Ruth (avec laquelle il avait vécu une histoire d'amour dans la BD avant qu'elle apprenne ses véritables origines).
 
Julie Wood est incarnée par la superbe Diane Krüger, une jeune manequin allemande de 28 ans qui débute sa carrière cinéma (pour la petite histoire, elle a épousé notre Guillaume Canet national).
Il y aurait beaucoup à dire sur le fossé entre la Julie Wood du film, très romantique et qui va partager des sentiements amoureux avec Michel (ça restera très soft à l'opposé du couple Steve/Ruth) et celle de la BD qui a commencé par une carrière en moto puis s'est reconvertie sur quatre roues en tombant amoureuse de Steve (Michel est déjà mariée depuis longtemps dans la BD...).
Pourquoi ne pas avoir donné un autre nom à ce personnage? (à la rigueur on aurait pu prendre Gabrielle la femme d'Yves qui correspondait plus au profil).
Cela aurait eu le mérite de contenter les amateurs de la BD...
Reste que Diane apporte une touche de romantisme au film de par sa beauté et sa sensibilité...
 
 
 
 Le Casting des "méchants"...
 
François Levantal, venu du théatre mais spécialisé depuis un bon moment dans les seconds rôles d'ordures au cinéma, incarne parfaitement l'affreux de service : Bob Cramer.
 
Quant à Ruth, elle est incarnée par une américaine qui a déjà une belle carrière (Higlander et Le journal de Bridget Jones) : Lisa Barbuscia.
 
"L'idée d'interpréter une méchante est toujours attirante." confie-t-elle et c'est vrai qu'elle joue parfaitement son rôle...
Par contre, c'est le personnage le plus éloigné physiquement de son alter-égo de papier : une brune aux yeux marrons incarne une blonde aux yeux bleus...
 
 
Enfin, n'oublions pas les autres rôles : Philippe Bas joue Jean-Pierre, le frère de Michel, le grand acteur Jean-Pierre Cassel joue le père Vaillant, alors que Béatrice Agenin joue Elisabeth, la mère de Michel...
 
 
 
 Notre Avis sur le film...
 
Que peut bien penser un passionné de la BD (témoin ce dossier) et de la compétition automobile de ce film?
 
C'est de toute façon tourjous une gageure que d'essayer d'adapter une BD sur grand écran....
 
Bien sûr, il y a eu les succès des Batman, SpiderMan et autres Dardevil, mais les codes du Comics américains sont très différents de l'esprit de la BD franco-belge. Dans ce domaine, peu de producteurs sont prêts à prendre des risques surtout quand les auteurs sont encore vivants (le cas Tintin-Hergé-Spielberg est bien à part...)
Alors, il y a eu le premier Astérix, sans doute trop fidèle à l'esprit de la BD et mal casté, puis le second qui révèle surtout le talent comique de Chabbat et de Jamel plus qu'il ne rend vraiment hommâge à Astérix...
On attendait donc l'adpatation de Michel Vaillant au tournant...
 
Et bien, je dois avouer que j'ai été plutôt agréablement surpris par la qualité du film.
 
Dans "Michel Vaillant", scénaristes, réalisateur et acteurs ont su conserver l'esprit de la BD tout en l'adaptant avec talent.
Ce qui fait le sel de la BD, c'est l'affrontement des bons contres les méchants, les bleus contre les rouges (comme au foot), la petite entreprise familiale française contre les grandes puissances...
Bien sûr, c'est très manichéén comme l'on fait remarquer nombre de critiques mais c'est ce qu'on aime dans la BD...
 
Mais "Michel Vaillant" c'est aussi et surtout l'univers de la course automobile, décrit avec une minutie et un talent de passionné comme l'est Jean Graton...
Demandez aux pilotes automobiles les plus célèbres si Michel Vaillant n'a pas été un jour ou l'autre à l'origine de leur passion. Le meilleur exemple est Jacky Ickx, mais on peut parler aussi de Jacques Villenneuve, Jean Alesi ou Alain Prost...
On retrouve parfaitement l'ambiance de la course dans le film, du moins dans la partie concernant les 24 heures du Mans (sans doute le résultat de la participation active à la vraie course)...
La partie "Rallye" sur glace est nettement moins réaliste, avec des voitures qui se doublent et se redoublent!
 
 
 
Et puis "Michel Vaillant", c'est aussi l'ambiance familiale de la Joncquière (là aussi parfaitement retranscrite), et l'affrontement des caractères...
Sur ce plan, si le personnage de Ruth ressort particulièrement, on peut regretter un Michel Vaillant un peu "fade" (par contre, bravo pour l'ajout du côté mystique dû sans doute à Sagamore), et une Julie Wood un peu trop transparente et qui oublie un peu trop vite la mort de son compagnon...
 
Enfin, "Michel Vaillant" ce sont de superbes GT et de non moins splendides bolides de course.
Du côté des GT, on se régale vraiment avec une Pagani Zonda très peu vue hors des salons, un splendide proto Peugeot et enfin une réplique de la célèbre "Vaillante Le Mans GT" (voir Les produits dérivés)
Du côté des bolides, on a droit à des 206 WRC maquillées assez réussies pour le Rallye et à une superbe Panoz qui semble avoir été construite en hommâge aux Leaders de Graton! La Lola deçoit un peu car elle n'a rien d'exceptionnelle pour incarner une Vaillante mais il fallait bien faire avec des protos capables de courir Le Mans (et pas trop chers, sinon on aurait ressorti les géniales 905? - faut pas rêver...)
 
Bref, on assiste à un beau spectacle avec des personnages haut en couleur, de belles poursuites et une ambiance de la course parfaitement rendue, mais il faut parfois oublier l'invraissemblance de certaines scènes comme cet arrêt improbable des protos à une station essence d'autoroute!
Au final, un film qui ne trahit pas l'esprit de la BD et c'est déjà beaucoup!
 
Pascal, animateur de LA MARQUE BD
 
 
La campagne Média...
 
La campagne de publicité réalisée par Europa avant la sortie du film fut un modèle du genre : toute la presse a parlé de Michel Vaillant.
 
Les radios (nous avons été contacté par un journaliste de Fun Radio), la presse magazine aussi bien généraliste que spécialisée Cinéma ou Sport-Auto (la presse BD ne semble pas s'y être intéressé plus que ça), jusqu'aux télévisions avec des émissions spéciales sur les chaines spécialisées comme Motors ou ABMoteurs mais aussi un "making-of" sur Canal + et une émission spéciale "Turbo" sur M6 : n'en jetez plus!
 
Au final, tous ces médias ont plus ou moins évoqué la BD, ce qui devrait accroître sa notoriété et ne peut que faire plaisir aux fans et aux auteurs...
Parmi cette déferlante, on remarquera la couverture du lancement du magazine gratuit "SPORT" qui consacre un article de 5 pages à la fois sur le film et sur la BD...
 


La couverture du nouveau magazine "SPORT"
pour son lancement...
 
Et côté magazines cinéma?
 
Là aussi, avant la sortie du film, de nombreux articles et dossiers y ont été consacré.
A noter l'article d'une page du N°1 de "CinéDVDVision" (décidément ce film aura servi a lancé plusieurs magazines, voir le cas du magazine "SPORT") et surtout un dossier très complet à la fois sur le film, sa fabrication et la BD de la part du magazine Ciné-Live...
 
 
Enfin, côté critiques?
 
Et bien comme d'habitude, ils sont partagés.
Si Ciné-Live a plutôt aimé, CinéVision a détesté...
Il faut dire que le journaliste n'apprécie pas vraiment l'univers de la BD, jugez plutôt : "Mélange fantaisiste de courses automobiles et d'aventures rocambolesques, les ouvrages de Jean Graton ne m'inspirent plus qu'un souvenir désuet et poussiéreux".
Franchement, quand on connait le soin apporté par Jean Graton à décrire l'univers de la course dans le passé comme dans le présent, on peut être dubitatif...
Peut-être devrait-on envoyer quelques albums à ce journaliste?
 
Signalons enfin un superbe livre relatant tous les aspects de la production du film et des références à la BD : "Michel Vaillant de la bande dessinée au film" chez Intervista
 
 
 Succès dans les salles?
 
Enfin, il faut bien évoquer le nerf de la guerre : est-ce que le film a attiré les foules dans les salles de cinéma?
 
A droite, vous trouverez le BOX-OFFICE précis des trois premières semaines d'exploitation du film (source CBO-BoxOffice)...
 
On constate que le démarrage a étéplutôt bon (sans doute les fruits de la compagne de pub!), le film réalisant près de 500 000 entrées et se classant en 2ème position devant le blockbuster international "MATRIX REVOLUTIONS"...
 
Par la suite, le film s'est rapidement éffondréperdant la moitié de son public dans les deux semaines qui suivent. Pas de hasard là-dedans avec des rouleaux-compresseurs comme le très fédérateur "Monde de Némo" et le très elltisite "KILL BILL" de Tarantino (excellents tous les deux par ailleurs!)...
 
Donc, au total à fin décembre 2003, "MICHEL VAILLANT" totalisait un peu plus de 900 000 entrées.
 
Les milieux du cinéma ont tendance à qualifier de "succès" un film qui dépasse le million d'entrées, chiffre approché par "Michel Vaillant"...
Donc, on ne peut parler ni de grand succès ni de véritable échec...
Reste à savoir à quoi s'attendaient les producteurs qui avaient misé près de 22 millions d'euros de buget sur ce film (sans compter la campagne de pub dont je ne connais pas les chiffres...)...
Une chose est sûre, avec l'exploitation DVD et Télé, ils ne perdront pas d'argent même si le succès n'a pas ététotal...
 
Au final on peut ans doute dire que le film aura sans aucun doute attirétous les passionnés de sport-auto et les fidèles de la BD (beaucoup moins nombreux que les premiers!), mais pas vraiment le très grand public...
 
 
 
 
Alors quel avenir pour la BD au cinéma?
 
On attend avec impatience l'adaptation cinéma du cycle "Nikopol" de Bilal (qui n'en est pas à son premier film!), puis viendra un blueberry...
 
Espèrons que le demi-succès de "Michel Vaillant" ne remettra pas en cause les autres projets comme "La Marque Jaune" dont on parle dpuis maintenant 4 ans...
 
 
 
1ère Semaine (du 19/11 au 25/11)
 Rang
 Film
Nb entrées France
 Nb Semaines
1
Intolérable cruauté
563 086
1
2
Michel Vaillant
460 777
1
3
Matrix revolutions
384 111
2
4
Tais-toi !
239 658
4
5
Les Sentiments
183 615
2
 
2ème Semaine (du 26/11 au 02/12)
 Rang
 Film
Nb entrées France
 Nb Semaines
1
Le Monde de Némo
2 056 621
1
2
Kill Bill : volume 1
651 264
1
3
Intolérable cruauté
309 487
2
4
Michel Vaillant
229 372
2
5
Matrix revolutions
210 492
4
 
3ème Semaine (du 03/12 au 09/12)
 Rang
 Film
Nb entrées France
 Nb Semaines
1
Le Monde de Némo
1 599 792
2
2
Kill Bill : volume 1
370 234
2
3
Love Actually
290 429
1
4
S.W.A.T. unité d'élite
289 712
1
5
Pas sur la bourche
210 091
1
6
Intolérable cruauté
161 541
3
7
Michel Vaillant
110 977
3
 
 
 
 
 
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