Dès le premier album, "Le grand défi", va apparaître la discipline reine du sport automobile : la Formule 1.
Elle va constituer l'intrigue principale d'une bonne vingtaine d'aventures dont les plus marquantes sont :
"Le pilote sans visage", "L'honneur du Samouraï", "De l'huile sur la piste", "Série noire" ou encore "Champion du monde".

Au travers de ces histoires fictives, les lecteurs de Michel Vaillant vont pouvoir suivre l'évolution de la Formule 1 depuis la fin des années 50 jusqu'à nos jours.
En effet, Jean Graton, passionné de F1 comme de sport auto en général, apportera toujours un soin extrême à baser sa fiction
sur des éléments bien rééls, que ce soit au niveau des écuries, des monoplaces ou des pilotes.

Cest ainsi que nous pouvons découvrir dans Michel Vaillant l'histoire de la Formule 1 mieux que dans n'importe quel livre sur le sujet...
Et comment ne pas devenir à son tour passionné par cette discipline mise en scène avec tant de précision?
 
 
 
 Les années 60...
 
La F1 est très présente dans les trois premiers albums et constitue même l'intrigue principale du "Pilote sans visage" (publié en 1960).
 
Ces aventures nous permettent de nous replonger dans l'atmosphère héroïque de lépoque avec de monstrueuses monoplaces à moteur avant, en forme d'obus.
Nous retrouvons également des noms de pilotes et d'écuries prestigieux : Jean Behra sur B.R.M., Von Trips sur Ferrari, Jack Brabham sur Cooper ainsi que des Maserati et autres Lotus...
 
Jean Graton inventera même une présence soviétique en Formule 1 avec l'écurie "Zvezda"!
Il est vrai que nous sommes en pleine guerre froide...
 

La "Mystère"
[Le Pilote sans visage, p. 31]
 
Après ces trois premières aventures, il va falloir patienter jusquau septième album paru en 1963 avant de revoir le museau dune Formule 1.
 
C'est en effet dans les toutes dernières planches des "Casse-cou" que nous sont présentées les toutes dernières Vaillantes F1 à moteur arrière qui s'apprêtent à disputer le Grand Prix de Reims...
Le profil avant sest considérablement affiné et l'on découvre les premières prises dair.
 
Le "look" des monoplaces n'aura guère varier en 1966, lorsqu'on retrouvera la F1 en tant que support principal du scénario de "L'honneur du Samouraï".
 
Cette histoire nous permettra de suivre l'ensemble dun championnat du monde de Formule 1, de Grand Prix en Grand Prix et de circuit en circuit...
On commence par Monaco où Michel aura fort à faire avec un certain Jim Clark sur Lotus, puis ce sera la Hollande avec Zandvoort, la Belgique avec Spa-Francorchamps, la France avec Reims, l'Angleterre avec Aintree, l'Allemagne avec le diabolique Nurbürgring de plus de 22 kilomètres de long(!!), l'Autriche, Monza, les Etats-Unis à Watkins-Glen, l'autodrome de Mexico et enfin la dernière épreuve sur le circuit d'East London en Afrique du Sud...
 

Michel en bagarre avec Jim Clark à Monaco
[L'Honneur du Samouraï, p. 42]
 
 
 Les années 70...
 
Il faut ensuite attendre encore quatre ans et pas moins de sept albums (!) pour découvrir la Formule 1 des années 70, dans la 18ème aventure "De l'huile sur la piste".
 
Il s'agit de l'époque des premières études aérodynamiques et des premiers ailerons. D'ailleurs, Jean Graton ne peut se passer du plaisir de nous faire partager cette effervescence autour de la technique en nous infligeant deux planches complètes(!) d'explications de la part de Jean-Pierre Vaillant au sujet de ses fameux doubles-ailerons : bel exercice de style de la part de l'auteur qui parvient à nous persuader de la validité technique de cette découverte!!!
 
Quel look fabuleux que celui de ces Formule 1 du début des années 70 avec ces ailerons en forme de lames de rasoir, suspendus au-dessus des monoplaces par des supports ultra-minces!!!
 

La matra n°6 de Beltoise et la Vaillante n°10 de Michel
[De l'huile sur la piste, p. 29]
 
Dans les années 70, la Formule 1 va prendre sa forme moderne en "aile d'avion" et va commencer à apparaître plus fréquemment dans les aventures de Michel Vaillant avec notamment trois albums presque consécutifs basés sur la F1:
"Série noire" , "Des filles et des moteurs" et "Champion du monde" (1973 et 1974).
 
On retrouve avec plaisir dans ces albums de grands noms du sport automobile comme Stewart, Peterson, Ickx, Gethin, Beltoise, Lauda ou Fittipaldi et certains disparus brutalement comme François Cevert.
 
Du côté des écuries et des monoplaces, on aperçoit au fil des Grand Prix, des Lotus, des Ferrari, des McLaren ou encore des Tyrrell...
 

[Série Noire, p. 33]
 
 
 Les années 80...
 
Au début des années 80, Jean Graton semble définitivement imposer la Formule 1 comme la discipline incontournable des aventures de son héros.
Il multiplie à cette époque les albums basés sur la Formule reine, du "Prince blanc" en 1978 jusqu'à "300 à l'heure dans Paris" en 1983, on trouve : "La révolte des rois", "K.O. pour Steve Warson", "Le galérien", "Steve Warson contre Michel Vaillant", et "Rififi en F1".
 
On y retrouve les caractèristiques du monde de la F1 moderne, avec ses enjeux économiques et sportifs, et avec ses sponsors. A ce propos, si Elf et Good-Year sont les sponsors réguliers de l'écurie Vaillante, on découvrira également les noms de Marlboro ou de Moët&Chandon sur les flancs des monoplaces françaises...
 
Au niveau technique, deux évolutions marqueront cette décénnie. D'une part l'effet de sol inventé par Lotus (ou par Vaillante?) et rapidement adopté par l'ensemble des écuries, et d'autre part le turbo. Si Renault semble bien avoir été le précurseur, Vaillante adopte ce moteur dès 1981 dans l'album "Steve Warson contre Michel Vaillant", bientôt suivie par Ferrari dans le même album (ce qui correpond à la réalité...).
On y retrouve Arnoux et Jabouille sur Renault, Lafitte sur Ligier, Jones sur Williams ou encore Schekter et Villeneuve sur leur Ferrari...
 

Gilles Villeneuve et sa Ferrari devant Michel Vaillant
[Steve Warson contre Michel Vaillant, p. 37]
 
Dans l'album "Rififi en F1", Graton s'attaque de façon ironique à la guéguerre qui opposa au début des années 80, d'un côté la toute puissante organisation des constructeurs, la FOCA présidée par Bernie Ecclestone (toujours grand patron de la F1 vingt ans plus tard!), et de l'autre le non moins puissant pouvoir sportif, la FISA présidée à l'époque par le français Jean-marie Balestre.
On sait depuis ce quil est advenu, les deux parties préférant se partager le pactole énorme draîné par la Formule 1 (notamment grâce aux droits télé), plutôt que s'entre-déchirer...
 
A la même période, Jean Graton va même jusqu'à imaginer un Grand Prix dans la capitale française avec tant de détails et de vraissemblance, qu'on peut se demander pourquoi la Formule 1 ne court toujours pas à Paris aujourd'hui! ("300 à l'heure dans Paris")
 
Ce Grand Prix de Paris nous donne par ailleurs l'occasion de découvrir les grands champions des années 80 que sont Prost, Lauda ou Piquet, aux prises avec l'éternel Michel Vaillant.
 

Prost et sa Renault devant Michel Vaillant, sous l'Arc de triomphe
[300 à l'heure dans Paris, p. 43]
 
 
 Les années 90...
 
Entre 1983 et 1993, Jean Graton ne nous proposera qu'un seul album axé sur la F1 sur 12 albums publiés: Il s'agit du "Caïd de Francorchamps" en 1988.
Sans doute faut-il y voir une envie d'explorer d'autres pistes pour son héros après tant d'aventures exclusivement dédiées à la formule reine (plus d'une vingtaine soit le tiers des albums!) mais sans doute aussi le thème est-il bien épuisé, ou alors la Formule 1 moderne serait-elle moins passionnante?
 
Dans ce dernier album, on retrouve une nouvelle fois avec plaisir le monde de la F1 des années 90, avec un Senna sur MacLaren, magnifique sous la pluie, avec toujours les Williams et les Ferrari, avec l'apparition de lécurie Benetton et les exploits (fictifs) d'un Thierry Boutsen qui n'en demandait sans doute pas tant.
Que voulez-vous, Jean Graton bien que né à Nantes, a émigré en Belgique, comme tout auteur de BD qui se respecte! (Il nous met quand même Philippe Alliot sur le podium et puis Vaillante, c'est quand même bien Français...)
 
Senna virtuose sous la pluie
[le caïd de Fancorchamps, p. 17]
 
Cependant, Jean Graton n'abandonnera pas les autres formes de compétition automobile durant cette période, faisant notamment un beau clin doeil à ses fans en mettant en scène les anciennes Vaillante de course dans "Le défi des remparts"...
 
Michel Vaillant est avant tout un pilote de Formule 1 et cette dernière est bien la discipline reine du sport auto.
Aussi, C'est avec un grand plaisir que les fans la retrouvèrent dans les deux albums "Le maître du monde" et "Paddock".
On y découvre tous les grands champions du milieu des années 90 : Alesi sur sa Ferrari, Hill sur sa Williams ou Shumacher sur sa Benetton.
 

Vaillant devant Hill et Schumacher
[Paddock, p. 28]
 
 
 Les années 2000...
 
Déjà quatre décennies passées au volant d'une Formule 1 pour Michel, et ça ne s'arrêtera pas tant que les Graton (Philippe a rejoint son père au scénario) trouveront de nouvelles histoires à nous raconter...
 
Ainsi en 1999, "le $pon$or" nous présente l'histoire abracadabrante d'un sponsor ayant investi l'internet (c'était le plein essor du Net à cette époque...) mais cette intrigue se déroule sur fond de F1, pour notre plus grand plaisir: on y voit par exemple Michel battre l'incroyable champion que va devenir Michael Schumacher sur Ferrari (il n'avait alors que ses 2 titres acquis sur Benetton)...
 
[Le $pon$or, p. 38]
 
En 2003, les plus grands pilotes du monde (dont Jacques Villeneuve) s'affrontent au travers de différentes  compétitions autos dans "L'Epreuve"...
 
L'originalité de l'aventure est que tous les pilotes partagent exactement la même voiture!
Si Skoda réalise les voitures de Rallye, c'est bien sûr, Vaillante qui est chargée de construire les formule 1...
 
On a droit comme d'habitude à un parfait reflet du look des F1 des années 2000 grâce au grand talent de Guillaume Lopez, le designer de toutes les Vaillantes depuis un bon moment...
 
[L'épreuve, p. 40]
 
 
 
 

Illustrations © Graton Editeur - Jean Graton