Après avoir jeter un rapide coup d'oeil aux couvs et feuilleter quelques pages, on peut penser avoir entre les mains une énième série de SF avec une héroïne intrépide... Pourtant, la série mérite  plus d'attention...

Après avoir exploité avec réussite l'univers de l'Heroïc-Fantasy avec Lanfeust et Trolls de Troy, Arleston s'attaque cette fois-ci aux thèmes SF avec la même volonté de renouveler le grenre...
La trame reprend tous les ingrédients d'une bonne histoire de SF : l'univers futuro-technologique avec ses grandes multinationales, ses recherches génétiques de pointe (on sait cloner les humains!) et ses mégapoles tentaculaires oùon se déplace naturellement en voitures volantes. (Merci à Mézières et Christin déjà honorés par les taxis du "5ème élément" de Besson et ceux plus récents de Bilal dans son film "Immortel Ad Vitam"...)

Cependant Arleston ajoute à cet univers de SF classique une dimension plus mythologique: Moréa appartient en effet aux "Dragons", des êtres immortels qui s'opposent depuis des millénaires aux "Anges" dont les intentions envers l'humanité ne sont pas aussi pures que leur nom le laisse supposer...

Ce mélange des genres donne toute sa saveur à la série, plutôt orientée vers l'humour que vers le côté Hard-SF... Le scénario suit plusieurs intrigues en parallèle. D'un côté, on découvre la lutte de pouvoir à la tête de la DWC opposant les directeurs de la société en l'absence de Moréa, héritière surprise de la multionationale... De l'autre, on suit les périgrinations de Moréa, enlevée par les Anges et séquestrée dans une étrange base spatiale... On découvre peu à peu les origines et les intentions réelles des Anges et des Dragons, de quoi alimenter la série pour de nombreux tomes en attendant qu'Arleston sorte "Moréa des Etoiles"... non je plaisante.

Autre aspect jubilatoire de la série, les clins d'oeil à notre univers bien réel. Ainsi, les Etats-Unis du futurs sont devenus une sorte de dictature tiers-mondiste totalement repliée sur elle-même avec ses lois ultra-sécuritaires et protectionistes... Parallèlement, c'est Cuba qui est devenue la capitale économique du monde (avec le siège de la DWC) devant Tokyo et Pékin!

Autre atout de cette série qui n'en manque décidément pas, la richesse des relations entre les personnages principaux: Terkio, le chevalier Dragon protecteur et mantor, Moréa, independante et frondeuse et les trois directeurs de la DWC, Lara, prête à tout pour prendre les commandes, Grégoire, perpétuellement conspirateur et Théo qui va tomber amoureux de la belle Moréa...

Enfin, dernier aspect jouissif de cette série: la façon dont les auteurs appuient sur les meurtres de Moréa et sur la violence envers les femmes en général... En effet, Moréa étant immortelle, les auteurs se délectent à l'assassiner de toutes les manières possibles et imaginables... On est bien loin des préceptes de la BD bien pensante : tout est possible en BD sauf tuer une femme!

Les voitures volantes et autres aéroglisseurs sont légions dans l'univers de MOREA. On pense bien sûr à l'univers créé par Mézières pour Valérian, mais aussi au "5ème élément", le film de Luc Besson.

Arleston assume parfaitement sa source en faisant même un clin d'oeil explicite à la fameuse scène du "5ème élément" oùMila Jojovitch se jette dans le vide dans le taxi de Bruce Willis. Dans la BD, Terkio, acculéen haut d'un immeuble, cherche une issue en pensant "Evidemment, je pourrais me jeter dans le vide en espèrant tomber dans un taxi..."

La colorisation du Tome 1 de cette série démontre toute l'importance de la couleur en BD...
En effet, la première édition proposait des couleurs ternes et souvent mal choisies qui ne servaient pas du tout le dessin encore un peu hésitant de Labrosse...

Dès le Tome 2, le trait de Labrosse s'affirmait, alors que le nouveau coloriste, Didier Arpin démontrait toute la palette de son talent...

L'éditeur décidait dès lors de sortir une nouvelle édition du Tome 1, avec une nouvelle couverture et surtout avec toutes les planches recolorisées par Didier Arpin... Vous pouvez vous rendre compte du résultat au travers de ces deux cases...

Ci-contre, les voitues rouges, jaunes et bleues ont étéremplacées par des véhicules aux couleurs moins pompiers... Un effet de dégradé égaye le ciel en arrière-plan.
Ci-dessous, les teints palôts des héros ont disparus, Moréa semblant avoir subi une sacrée séance d'UV...

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